Une culture bio au service des patrimoines

Nous étions ce 9 juillet sur le plateau des Aresquiers, à Vic-la-Gardiole. La chaleur douce d’un soir d’été, bercé par la brise marine, accompagnait la dégustation de vins en culture biologique, une culture au service de patrimoines naturels et historiques sur notre territoire.  Entre terre et eau, un environnement hors normes s’est constitué : un lido et des zones humides fragiles d’une grande richesse écologique, un terroir viticole vieux de plus de 2000 ans. Une agriculture vient les préserver, les nourrir, à travers des pratiques respectueuses du sol, soucieuses du vivant. Pesticides et OGM en sont bannis. Elle prend soin des ressources : de la biodiversité ambiante qu’elle fait croître, de l’eau, omniprésente, qu’il s’agit de ne pas polluer. Elle tend à économiser les ressources, eau toujours comme énergies mises en œuvre, privilégiant les circuits courts pour réduire son empreinte carbone. La culture se déploie aujourd’hui en différentes méthodes labellisées : bio, biodynamie, nature.

Illustration par l’exemple

La dégustation de quatre vins du territoire concrétise ces démarches.
A deux pas du Parc des Dinosaures à Mèze, le Domaine de Farlet a été un pionnier de cette culture, en 1985, sous le label « Nature et Progrès ». Il introduit le viognier en Languedoc quelques années plus tard. Le Lac, 100 % sur cépage, nous surprend par son aromatique puissant. Le domaine, délaissant la seule culture de la vigne, travaille désormais en polyculture pour mieux régénérer les sols. Un modèle ancien qui s’implante à nouveau dans la région.

A La Font des Ormes à Caux, Guy Cazalis de Fontdouce travaille en biodynamie sur un sol du miocène (12 millions d’années). Entre deux coulées de basalte de volcans proches … la mer ancienne, devenue vallée calcaire. La bâtisse du XIVe siècle adjoint, au XVIIIe siècle, une cave à vin abritant une cuve semi-enterrée d’époque. Exceptionnel ! « Nous recherchons l’expression de notre terroir. La biodynamie est notre instrument » raconte le propriétaire. Elle revitalise les sols, équilibre, affine la qualité des vins, ici, un 100 % terret-bourret. Sur vignes de 90 ans, basalte et calcaires mêlés, ce vieux cépage, un peu bourru, retrouve une jeunesse. Compagnon du piquepoul sur nos rivages, il a longtemps alimenté la Marine Royale en vin blanc.
Approfondissant la pratique bio, la biodynamie vise une approche globale de la terre, reliée aux éléments cosmique (lune, planète). Elle tend à renforcer la santé de la plante en agissant comme une médecine douce : compostages, notamment avec de la silice, infusions, huiles essentielles et même homéopathie.

Aller plus loin encore

Des « mauvaises roches » donnent son nom au Domaine de Roquemale de Valérie et Dominique Ibanez. Mauvaises … pas pour la vigne, qui offre, sur de petits rendements, une concentration, un fruité reconnaissable. Sans filet, c’est travailler sans sulfites ajoutés, cet antiseptique qui conserve le vin. On en diminue de plus en plus le dosage d enos jours, jusqu’à cet ultime 0%. Maîtrisé, modèle de droiture ici, il exalte tout le fruit du grenache et du cinsault, privilégiés en Languedoc.

Quatrième vin, un muscat à petits grains bien sûr, sur ses terres de prédilection, mais en pétillant naturel. J’élabore Peter et Nathalie à Vic et Mireval, sans intrants (pas de produits ajoutés en cave, sans sulfites donc). Il est labellisé « Vin Méthode Nature » par le syndicat de défense du vin naturel créée en 2019. L’idée est de proposer un muscat complètement différent, de sortir des sentiers battus.

Préservation et valorisation de nos patrimoines

Voici donc des pratiques, des méthodes, des observations qui prennent grand soin de paysages exceptionnels légués par la nature ou lentement créés par l’homme. Pratiques vertueuses, soucieuses de la terre que nous allons transmettre aux prochaines générations, elles contribuent pour le vigneron à mieux vendre ses vins. Mais elles valorisent également ces paysages par le nouveau visage agricole qu’elle leur donne : des vignes enherbées, des haies reconstituées, un retour au travail avec les animaux (cheval, moutons, poules). Elles apportent aussi de nouveaux goûts, exaltant les arômes des vins, notamment de l’ancestral muscat, sublimé par elle. Héraut du Languedoc viticole jusqu’à nos jours, renaîtra-t-il grâce à elle ?

A l’horizon, le soleil décline, tombant de ses rais sur les verres et les vins, éclairage particulier de patrimoines et d’une viticulture vivante, entremêlés.

Merci à tous les marcheurs-dégustateurs qui se sont joints à nous. A bientôt à nouveau sur les chemins du vin !

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