Vitis vinifera, raisin blanc livre d’heure de Marguerite d’Orléans, vers 1426
« Taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars ». Changements climatiques ou pas, le dicton s’est appliqué aux Clos de Miège. Toute occupée à cette tâche, et aux ébauches d’assemblage en vue des mises en bouteille d’un printemps qui se faisait désirer, il m’a fallu freiner l’impatience à concrétiser la sortie de mon nouveau vin. Avril a récompensé les efforts et l’attente n’en a rendue que plus délicieuse la présentation des cuvées, l’Originel de vin naturellement doux puis Prima Ora 2013, avec ses trente (et même trente et un !) mois d’élevage. Savourer la découverte, surprise ou émotion partagées, reprendre enfin son bâton de pèlerin, revoir Paris, y rencontrer de nouvelles personnes que l’on croirait de connaître depuis toujours, organiser une soirée à la maison, au plus près des fûts, pour ces amis qui jalonnent la route de solides lumières… Des plus fidèles aux tout nouveaux,je mesure combien ils sont la plus belle histoire des Clos de Miège.
Difficile retour à la vigne, après toutes ces sensations. Oui, l’herbe a poussé et ne s’est pas coupé toute seule, la prévention des maladies requiert toute notre vigilance et nos soins. Plus j’avance dans le travail vigneron, plus je cerne l’ampleur de la tâche, sans cesse répétée, renouvelée sans cesse d’un poste à un autre, de la vigne à la cave, de la cave à la communication et à la vente, de salons en ébourgeonnage…
Repos de l’esprit et quête à la fois, l’art demeure un ciment et un socle. A Paris comme à Sète ou Montpellier, s’y plonger s’apparente à un bain de jouvence. Des plus grands qui font monter des frissons sur la peau, à mes dernières découvertes, tous m’émeuvent. Le vin n’en est jamais éloigné. Il revient, aux détours de l’exposition sur Guillaume Apollinaire, dans les collections permanentes du Musée de l’Orangerie, ou se coud chez Isa à Sète quand les pampres coupées dans ma vigne se tissent. Chut… surprises à venir…
De ces jours uniques que je voudrais retenir, il subsiste des images plein la tête, qu’un objectif a capturées pour un instant encore. Fragments pêle-mêle où chacun de ceux qui construisent les Clos de Miège avec moi pourront se reconnaître et puiser.
