En ce début d’année 2016, les vignobles languedociens affirment leur dynamisme dans les premiers bilans chiffrés qui nous parviennent. IGP et AOP démontrent que le tournant qualitatif et structurel pris depuis une trentaine d’années porte ses fruit en un temps éclair. 245 000 ha ont produit 13,6 millions d’hl, sur des vignes dont 60 % ont moins de vingt ans. Le millésime que d’aucuns annoncent exceptionnel, laisse augurer de beaux présages. Les premiers blancs et rosé mis en bouteille en confirment la qualité.
Des fruits économiques viennent récompenser ce travail sur le produit, mais aussi sur le positionnement et les prix. En 2015, le Languedoc a vu ses ventes s’envoler, notamment à l’exportation (+ 14 %). dans un marché national morose, les AOP Languedoc ont connu la plus forte augmentation sur toutes les couleurs, en particulier ne grande distribution, et s’enorgueillissent d’être les appellations les plus diffusées chez les cavistes parisiens.
Les vins de la région connaissent de vrais succès auprès des publics, venus en masse à la rencontre des vignerons, que ce soit aux Estivales (300 000 personnes à Montpellier, 25 000 à Saporta, sans compter Sommières, Pézenas et Narbonne) dans les Balades gourmandes (Pic Saint Loup, Terrasses du Larzac, La Clape) ou dans les caves et domaines (400 000 visiteurs estimés). Ces rendez-vous avec le public confortent une notoriété que les medias relaient largement. Pour preuve, le magazine Terre des Vins consacre son premier numéro de l’année aux 100 meilleurs vins du Languedoc. La Revue du Vin de France, qui décerne ses trophées aux hommes de l’année, élit deux languedociens: Gérard Bertrand, « négociant de l’année » à Narbonne, et Philippe Catusse, « caviste de l’année » au Chameau ivre à Béziers.
Pour entreprendre sa mue, la région s’est défait de ses vieux habits et a plongé au coeur de l’innovation. Une innovation culturale d’abord, avec le passage pionnier en agriculture biologique, qui fait aujourd’hui du Languedoc le leader de la production en France. Adaptée au climat et aux sols de nos contrées, la culture biologique s’étend sur 21 000 ha, soit un tiers du vignoble bio français, touche 1200 producteurs et rallie les grands groupes viticoles régionaux. L’innovation passe aussi par des packaging audacieux. Un vent créatif a dépoussiéré noms de cuvées, étiquettes, bouchons et bouteilles. Dernière en date, la création de la styliste Chantal Thomass, qui reprend les codes de l’élégance en osant un style très féminin, a séduit le négociant Gérard Bertrand. Issu de leur collaboration novatrice, mais s’appuyant sur des cépages emblématiques produits localement de l’Etang de Thau à celui de Leucate, un Languedoc blanc, Baies des perles, vient de sortir, Au coeur de l’innovation scientifique, dans la ligne de l’Ecole d’Agriculture de Montpellier, Sup’Agro pour l’enseignement et l’INRA pour la recherche ont bâti une expertise qui se fond aujourd’hui en un pôle unique. La profession et les vignerons sont sollicités pour participer à l’élaboration des vignobles du futur, adaptés à de nouvelles conditions climatiques et de production. L’innovation par la révolution numérique pour le vin, dont The conversation se fait l’écho, trouve avec le label French Tech à Montpellier les moyens de son expression. Les outils développés par les nouvelles technologies se mettent au service du vigneron, du drone dans les vignes à le-commerce, des outils de réalité augmentée ou d’interaction avec le consommateur aux applications liées à l’oenotourisme, à l’exemple de Geovina en Languedoc.
En 2016, un festival destiné à la jeune génération, les « Vino Days », de la pédagogie avec l’Ecole des Vins, u Mas e Saporta au centre du tourisme vinicole, à Montpellier, les AOC fourmillent d’idées. Le salon mondial Millésime Bio confirmera du 25 au 27 janvier, l’ancrage nature de nos terroirs. Vinisud, grand rendez-vous des vins de la Méditerranée, s’élargit et ouvrira ses portes, en février, à plus de 1700 exposants et deviendra annuel. 2016 sourit déjà aux projets d’un Languedoc amarré à ses terroirs, abouti dans son chemin qualitatif, innovant et audacieux, témoin de la vitalité de vignobles et de vignerons en pleine reconnaissance de leurs efforts.
Article paru le 18 janvier 2016 dans Montpellier-Infos et Thau-Infos