L’édition 2016 de Millésime Bio a fermé ses portes sur une belle fréquentation. Coup de projecteur sur la production mondiale de vins biologiques, l’événement a consacré l’ancrage bio de la région Languedoc-Roussillon élargie à Midi-Pyrénées (24 000 ha, 1 million d’hl), et la qualité des vins présents, expression d’un travail maîtrisé à la vigne comme en cave. Pour Jean-Philippe Granier, Directeur des AOP Languedoc, « la pratique biologique a été un des fers de lance du renouveau du Languedoc« . Cendrine Vimont, chargée de la communication de Sudvinbio, organisateur du salon, le confirme. La pluie de médailles décernées à la région (dont 21 médailles d’or pour le seul département de l’Hérault) « reflète ce renouveau qualitatif depuis une vingtaine d’années ». C’est d’ailleurs l’association régionale qui continue de porter un salon devenu international.


Les stands ont conservé leur taille et leur philosophie des origines, en 1993: deux mètres sur un pour tout le monde.
Le souci du terroir et du patrimoine ressort des échanges avec les vignerons, facilités par ce contact direct: cailloux, fossiles, et même des vestiges romains extraits des vignes tapissent les tables. Le souci de la terre y est constant, au-delà de la seule pratique viticole labellisée en vin biologique. Des démarches Déméter, label en biodynamie, des vins sans sulfites ajoutés … les vignerons bios continuent de creuser de nouvelles pratiques.

 Vin en biodynamie Déméter, Médaille d’Or      Vin sans sulfites, Médaille d’Or

Car s’ils ont été taxés de passéistes, par leur retour à des méthodes anciennes, comme le labour à cheval, l’observation du cycle lunaire ou des vents, ces hommes et ces femmes font figure aujourd’hui de novateurs. Leurs démarches visant à limiter l’impact de leur activité sur l’environnement (économie d’eau, stations d’épure, usage limité de la mécanique ou de l’électricité, jusqu’à la bouteille ou le bouchon recyclable) élargies à l’attention sur la biodiversité, le vivant qui les entoure (plantation de haies, enherbement, utilisation des insectes et des animaux) inspirent les chercheurs. Dans le sillage de Millésime Bio, qui accueille toutes les pratiques à condition d’être certifié vin biologique, ont foisonné encore cette année salons, rencontres, échanges, valorisant cette viticulture, labellisée ou non. La pratique biologique innove sans cesse, et la profession se place dans la prospective avec une étude lancée depuis six mois. Francevinbio, en  partenariat avec SupAgro et France Agrimer, porte un projet de recherche et développement « sur une vision stratégique de la viticulture bio du futur, avec différents paramètres, des cycles de consultation ». Cendrine Vimont n’en dira pas plus, les résultats seront connus en 2017, au prochain Millésime Bio. A la possibilité d’un scénario Toutes vignes bio en France en 2040 ou 2050, élaboré par l’INRA dans la lutte contre les changements climatiques, elle répond que « techniquement, c’est possible. Les vignerons bios sont très pointus, anticipent les problèmes par habitude de faire de la prophylaxie. » Leur expérience peut servir à tous. La culture du bio, pratique culturale et culturelle, est prête à relever les défis.


Les choix des manifestations off
Petit tour dans le vivier de manifestations qui proposent de nouvelles alternatives en culture biologique, tout en souhaitant garder l’esprit qui a présidé à la création d’une culture autour du bio: une relation humaine privilégiée (pas plus d’une cinquantaine d’exposants), une ambiance propice au partage, un peu éloignée de l’extension fulgurante que doit gérer Millésime Bio, avec ses trois halls d’exposition, ses 900 exposants venus de 15 pays.
Laetitia Laure, ancienne communicante parisienne reconvertie sommelière, organisatrice du salon de vins nature « Les Affranchis » au Château de Flaujergues, « sélectionne les vignerons sans posture, sur le seul critère de qualité ». Depuis quatre ans, elle observe « le décollage des vins nature, qui deviennent un argument de vente« 

I.Villemade, A.Mosse et L. Laure

« De chemins en pistes », Véronique Attard, artiste–peintre devenue vigneronne à Cabrières, a accueilli dans les salons de l’Aéroport Hotel à Fréjorgues, « sans obligation de label, mais dans le respect de la terre » des vignerons certifiés, en conversion, Déméter. Tous partagent des conseils, leurs repas, leurs fichiers, s’entraident et ouvrent leur table le soir aux visiteurs. La relation vigneron / acheteur est privilégiée, dans une ambiance à la fois décontractée et passionnée de vin, de terroirs, d’amitié.

V.Attard

Article paru le 28 janvier 2016 dans Montpellier-Infos et Thau-Infos

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