Le 15 novembre ne fait pas date que pour la sortie du Beaujolais nouveau. Les Pays d’Oc IGP organisaient, en présence de Jacques Gravegeal , leur Président, et de Florence Barthes, leur directrice générale, leur Grande Dégustation, axée sur la présentation de la « Collection » 2018. Cette sélection, composée de dix-neuf vins, représentera les Pays d’Oc IGP à travers la France et le monde tout au long d l’année 2019. Les cuvées ambassadrices se dégustaient au Mas de Rou à Castries, près de Montpellier, dans une splendide bâtisse, ancienne métairie acquise en 1568 par le Baron de Castries, toute de pierre et de bois. Le lieu, ses volumes aux très hauts plafonds, les lumières, la convivialité entre dégustateurs concourraient à rendre l’exercice des plus agréables, d’autant plus que les vins étaient parfaitement servis, blancs et les quelques rosés très frais, et rouges à bonne température malgré le monde qui affluait.
Seize domaines ou négoces, des dizaines de cuvées dans les trois couleurs imposent des choix : découvrir un vigneron, le travail sur un cépage ou chercher les vins biologiques. De ce dernier point de vue, pas de domaine labellisé, mais quelques cuvées, issues principalement de négoces, introduisent le bio en Collection: Cuvée secrète sans sulfites Rouge 2017 et Mas des Tannes classique Rouge 2017, des Domaines Paul Mas à Montagnac (Hérault), Gaïa Blanc 2017 de Fortrant à Sète (Hérault), Les Cistes Rouge 2017 des Vignerons du Sommiérois (Gard), et la Sélection parcellaire grenache gris 2016 du Domaine Gayda à Brugairolles (Aude).
Les pays d’Oc IGP étant avant tout des vins de cépage, l’attention se porte sur le choix des vignerons. Parmi les 58 cépages autorisés, les classiques languedociens et ceux de la mondialisation (syrah, grenache, mourvèdre et cabernet-sauvignon, merlot en rouge, roussanne, viognier, rolle/vermentino et chardonnay, sauvignon en blanc) sont rejoints par les surprenants pinot noir, petit verdot, venu en force, malbec, en rouge, chenin, gewurtraminer en blanc. Un seul muscat figure dans la liste, Alexia 2017 des Vignes de l’Arque à Baron (Gard), assemblé avec un sauvignon.
Parmi ces propositions variées, en recherche d’originalité, de renouvellement, quelques coups de cœur de la soirée pour des vins ancrés dans leur terroir, récompensés en Collection 2018 : Premier Rolle du Domaine d’Aigues-Belles, complexe, très aromatique, typé abricot, épices, Viognier surmûri des Vignes de l’Arque, sur de l’abricot, miel et noix, 15° et environ 55g de sucres résiduels, qui lui confèrent de la douceur sans lourdeur, auxquels se joint le grenache gris du Domaine Gayda, récolté à part des autres grenaches, si difficile à élaborer, une vraie réussite ici, en vin biologique. Dans une démarche à l’opposé, des cépages venus de loin s’acclimatent avec bonheur et maîtrise vigneronne, comme le gewurztraminer de Château Guéry à Azille (Aude), planté sur les terres les plus calcaires pour obtenir un effet terroir, puissant, floral, gras en bouche, et le chenin blanc du même Domaine Gayda, sur des sols plus en altitude, qui apportent une bonne fraîcheur et des arômes puissants. Le travail sur le terroir, toujours.
En rouge, avec le petit verdot du Domaine de la Baume, à Servian (Hérault) et le malbec-petit verdot du Domaine de la Provenquière à Capestang (Hérault) un peu de sud-ouest entre dans les Collections. C’est vers un autre vin du Château Guéry que penche mon palais, un mourvèdre 2016 dans l’équilibre, la finesse déjà malgré sa jeunesse, arômes de chocolat et jolis tanins, pour ce supplément d’âme que Florence et René-Henry Guéry apportent à leur travail, à leur terre.
Cette double orientation des Pays d’Oc IGP, entre racines du terroir et recherche de nouveaux goûts, trouvait son expression au Mas de Rou, superbe écrin ancestral, rénové et parsemé d’œuvres d’art contemporaines.