En ces temps incertains, quelques-uns renoncent à formuler des vœux alors que nos perspectives d’avenir s’assombrissent. Un certain nombre d’amis demande même à ce que nous ne leur en adressions pas. Ils pensent à eux, ou à tous les autres dans la souffrance, dénués de cet espoir que véhiculent encore nos souhaits, désuets mots désaccordés de leur vécu.

Obstinée, je persiste ici, non à ne pas entendre la noirceur du monde à laquelle nous a conduit l’appétit d’une poignée d’hommes, mais à ériger contre elle des barrières salvatrices. Présenter des vœux révèle l’égard porté aux autres, l’envie qu’ils aillent mieux, un instant, une seconde. « Je voyais, je voyais l’avenir à genoux », désespérant avec Louis Aragon « de mes frères sauvages »[1]. Mais c’est de quelques humains que nous tirons encore un espoir pour demain, ceux et celles qui bâtissent, qui résistent, qui recréent, qui regroupent. A mes frères et mes sœurs, mais aussi au vivant, au végétal, au règne animal, je dédie cette attention portée tous les jours, partagée avec vous aujourd’hui, qui me pousse en avant.

Que 2023 vous soit aussi douce que possible!

[1] Un jour viendra, recueil Le fou d’Elsa, Louis Aragon (1963)

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