Ce sont les mots qui me viennent à l’esprit. Non que j’aime me gorger d’anglicismes, mais parce que l’expression, qui rappelle le slow food prôné au tournant du millénaire, résonne comme un écho au travail viticole sur les Clos de Miège. Prendre le temps, ne pas se précipiter à vendanger ou presser le raisin, soigner les vinifications, approfondir des réflexions. Après des vendanges méticuleuses (six passages à la parcelle), des macérations longues sur la majeure partie de la récolte, le temps du pressurage est venu, sans se hâter, courant octobre. Les fermentations ont démarré naturellement, avec les levures indigènes du raisin, aux premières fraîcheurs venues. Elles se poursuivront tout l’automne et l’hiver.
De trois méthodes de travail différentes ont résulté trois types de mouts, dégustés tous ensemble ces jours-ci avec nos amis. Il domine en nez et en bouche :
– de la fraîcheur, aux accents floraux et minéraux, sur la récolte entrée en production cette année et sur les premiers tris du Four;
– de la complexité, sur les pressurages doux, aux notes d’agrumes (citron, écorces d’orange, mandarine) et coing. La « patte » de l’Originel en devenir est bien là;
– un grain de folie, avec le passerillé 2016, récolté en très petite quantité en octobre, où miel et coing confit, omniprésents, offrent une suavité persistante en bouche… Un très grand passerillé, à l’égal du 2015.
Bien sûr, il ne s’agit que de moûts au début de leur fermentation, et le prétexte était doux à réunir nos amis, toujours très impliqués dans l’élaboration des cuvées… et ne rechignant pas à venir déguster, de très loin parfois, les futurs nectars ! Mais que de bonheur en bouche, dans ces arômes neufs et multiples, en évolution. Que de récompenses d’un soir pour des mois de labeur, dans une longue chaine de travaux de la vigne à la cave. Se hâter, lentement. Savourer avant de reprendre le fil du calendrier vigneron. Slow wine.
Retour en images sur le cycle du raisin depuis novembre 2015