Pierre de Colbert |
La famille de Colbert mène depuis 2008, dans sa folie montpelliéraine de la fin du XVIIe siècle, un projet baptisé Vinofolia, « Un vignoble remarquable dans la ville de Montpellier en 2020 » . Projet de rénovation pour pérenniser un outil – une nouvelle cave, design et durable, des vignobles replantés, un souci environnemental fort – , mais aussi projet de préservation d’un terroir, désormais au cœur de la métropole, d’une culture, à travers un oenotourisme ambitieux, « pour rêver le vignoble de demain ».
L’ancienne cave, de 1897, au milieu de l’espace de réception, n’était plus adaptée au travail viticole. Un nouveau chai, signé Sancie Matte de l’agence MDR, recentre la production dans les vignes. Il répond à des exigences de qualité, pour révéler la typicité du terroir et des vins, en vinification et en élevage, avec 26 cuves inox, des pompes de réception de la vendange, un travail par petits lots. Il répond également à un souci écologique : gestion des effluents, économies d’énergie et d’eau ou climatisation naturelle, maîtrise de l’empreinte carbone. Construit dans le but d’obtenir la norme Haute Valeur Environnementale (HVE), ce chai déploie « deux corps de bâtiments enchâssés telle une structure monolithique ». La future enveloppe de tubes d’acier comportera une dimension végétale, fondant la cave dans le vignoble. La famille a investi 1,8 millions d’euros, sur fonds propres et avec une subvention européenne de 250 000 €, pour réaliser cette modernisation durable, dans tous les sens du terme. « Nous voulions que le chai soit beau, et intégré dans Flaugergues » » explique Pierre de Colbert, installé sur le domaine depuis 2002.
Le projet Vinofolia évoluant au fil des ans a débouché sur l’ambition de bâtir un vignoble remarquable, sur le modèle du Jardin remarquable existant. Il passe par la replantation de 10 ha autour du château, avec un nouveau cépage, le morrastel. Après palissage et irrigation de certaines parcelles, un travail sera mené sur l’équilibre du milieu (plantes auxiliaires, enherbement maîtrisé, haies) pour une conduite de la vigne respectueuse de la nature.
Dernier volet du projet, le Jardin des Vignes, « sas de découverte sensorielle et initiatique de la vigne et du vin » souhaité par Henri de Colbert, créera un lien entre jardin et vignoble. Imaginé par la paysagiste Amélie Vallon, il assemblera cépages historiques et locaux et plantes illustrant les arômes présents dans les vins de Flaugergues.
Avec le breuvage, écho de son terroir, la famille de Colbert cultive un oenotourisme pionnier dans la région, décliné depuis plus de trente ans dans les visites de vignes, dégustations au caveau ou afterworks, à la table du Folia, mais aussi à la découverte d’un patrimoine viticole dont le château fait figure de gardien. Archives de vignerons, livres rares et marbres peints en sont un précieux exemple. Dernière-née, une nouvelle visite complète, De la vigne au caveau fera découvrir la nouvelle cave avec le vigneron. A l’horizon 2020, le Château poursuivra la modernisation de son outil viticole, avec une ligne de mise en bouteille adaptée, une centrale d’azote. Il envisage la formation d’un vino Club pour les amateurs.
A Flaugergues, chaque génération réalise un projet qui laisse son empreinte. Vinofolia, par sa dimension, est porté par deux générations, Brigitte et Henri, Marie et Pierre, réunies. A la question de savoir s’ils se sentent propriétaires à part entière du lieu, ou dépositaires d’un patrimoine remarquable à transmettre, la réponse de Pierre de Colbert fuse : « Mon père vous répondrait sans hésiter que nous ne sommes que les dépositaires actuels de Flaugergues », un maillon passeur de patrimoine, sans cesse précurseur.
Le vignoble Le château de Flaugergues en chiffres
Visite de la nouvelle cave : |
Article paru le 20 juin 2016 dans Mtp-Infos et Thau Infos