La voilà enfin, la première heure, prête à déguster, dans son nouvel habillage, certifiée vin biologique. Ce soir, un ami cher la prendra dans ses mains, toute première offrande, avant qu’elle ne parte vivre sa vie, chez des cavistes, des restaurateurs étoilés, des clients fidèles.

Ma fierté, mon expérience extrême de surmaturation, de prise de risque – une pluie violente, un orage, une tempête de vent, et tout était effacé, mon aventure historique convergent vers sa nouvelle apparence. Un vin d’un autre temps, celui des heures glorieuses du muscat à Frontignan, m’a appris à prendre le temps, ne pas céder à la peur, à l’imitation de ce qui se faisait autour de moi. J’ai travaillé sans filet : les sucres résiduels peuvent provoquer des reprises de fermentation, mais sans intrant et sans abimer la terre nourricière.

Des raisins et des rêves, oui, il y a un peu de tout cela dans la frêle bouteille qui s’étire vers le ciel. Versée dans le verre, la douce liqueur l’inonde d’une opulente lumière dorée. Elle tapisse ses parois de son gras, son soyeux. Elle enveloppe lentement le palais, retient les agrumes et le miel, les épices, concentre les arômes puissants du petit grain.

Presque quatre ans plus tard, dans sa pleine expression, je vous la confie maintenant.

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