Les Clos de Miège en sommeil cet hiver ? Une rupture de stock due à une faible production en 2017 et à un engouement pour l’Originel pourraient le laisser croire. Quelques mois passés à creuser les chemins patrimoniaux d’une culture du vin multiforme aussi. Mais la vie reprend forme, parfois avec fracas. Alors que nous abordions prudemment, mi-février, une taille toujours tardive sur le domaine, le printemps s’est invité à la vigne : grand soleil et chaleur l’après-midi, 20°, 22°, 25°, même si les températures matinales sont restées un moment froides. La nature, trompée, perd une nouvelle fois ses repères. La terre, nourrie en abondance en eau cet hiver, verdit l’herbe comme aux plus beaux jours d’avril. Plantes et insectes réapparaissent, à l’exemple d’une mante religieuse juvénile amie [1]. Les sangliers, quant à eux, grattent la terre en creusant de véritables cratères, à la recherche de vers présents en nombre.
[1] Elle se nourrit de d’autres insectes nuisibles
La vigne aussi a engrangé des réserves cet hiver. La taille produit au fil des ans son effet, avec une bonne répartition fructifière – de jolis yeux ! -. Les pieds abîmés il y a cinq ans repoussent, sans spores d’oïdium, victoire ! Mais les bourgeons gonflent, le sarment pleure sous le ciseau [1]. Stop ! trop d’avance. Nous arrêtons la taille avant d’aborder une parcelle sensible au gel. En ne coupant plus les bois, nous retardons le débourrement, instant crucial où, une fois le bourgeon éclos, le cep s’expose au coup de froid.
Slow wine… Attendons de voir ce que le ciel nous réserve. Le calendrier lunaire inquiète chaque année les vignerons. « A partir du 20-21 mars, c’est là que les ennuis commencent », annoncent les anciens. Avril destructeur en 2017 a marqué les esprits. Le risque de gel augmente, et la route sera longue jusqu’à la lune rousse, le 5 mai et les redoutés saints de glace [2]. Dans le même temps, c’est toute la viticulture qui s’interroge sur les dérèglements climatiques, comme lors de Millésime Bio à Montpellier ou de Wine Paris, remettant au centre de toutes les préoccupations les solutions à la vigne – cépages anciens, résistants, hybrides, changements d’exposition des parcelles, agroforesterie et enherbement, empreinte écologique et économies d’eau.
[1] Se dit lorsque la sève monte dans le bois que l’on coupe
[2] Lune rousse : lunaison qui suit Pâques, c’est la première pleine lune du printemps. Les nuits sans nuage, par ciel clair, augmentent le risque de gelée. Cavaliers du 23 avril au 1ermai, suivis des saints Mamert, Pancrace, Servais du 11 au 13 mai
Nous voici saisis par le doute – il neigeait le 28 février 2018, alors que nous dépassons encore les 20°- balançant à nouveau entre le yin et le yang, entre espérance de la vie qui repart et crainte qu’elle ne se brise dans un gel printanier.
Le yin et le yang, les contraires qui s’opposent ou s’unissent, en voici quelques-uns, comme un condensé du travail aux Clos de Miège en février.
Entre passé et présent, femmes dans le vin
Entre terre et eau, dualité fondatrice de notre environnement hors normes, sur le cordon littoral de la mer Méditerranée
Entre sable et cailloutis argilo-calcaire
Entre bois qui revit et bois échoué
Entre ville et campagne, tourbillon parisien et temps ralenti
Entre sources livresques, d’archives et travaux pratiques
Doux programme que de repartir dans le même temps qu’à la vigne à la rencontre d’amateurs de vins biologiques et de patrimoine ressurgis. Il se bâtit avec trois manifestations en mars autour de la femme et de la nature, sujets qui me sont chers. Avril, mai et juin se remplissent d’événements, dégustations, balades … et travaux intellectuels, conciliant les genres sans barrières, sans oeillères. Pour votre plaisir, j’espère!
l’hiver n’est pas fini mais optimisons le naturel du quotidien …
Que de jolis projets plein de promesses entre les manifestations, les rencontres culturelles, les balades ..
Tes pas te mèneront j’en suis sûre vers des chemins plein de surprises , de jolies rencontres humaines ou avec des petites bêtes très intelligentes et aidant les parcelles à bien se porter , des ouvrages en pierre ou culturels
Bref impatiente de te lire
Douce soirée et bonne avancée vers le week-end
Bisous Florence et Benoit
Sylvie
Merci, Sylvie. Nous nous employons à peupler les chemins du vin, près de Montpellier, de ces rencontres qui font le sel de ma vie de vigneronne. Amitiés