Le vin, le vin vivant, la vie. Bios, la vie, en grec. La vie en mode biologique aux Clos de Miège. Une boucle est bouclée en un retour aux sources, antiques et propres, d’une production oubliée en vins naturellement doux.
1er aout 2017. Quatre ans déjà que les Clos de Miège sont nés, d’une décision fulgurante de reprendre de vieilles vignes en restructuration. Quatre ans d’un chemin tracé en droite ligne, comme une évidence, une respiration nécessaire. Passer de la réflexion, les recherches historiques, articles et conférences, aux travaux pratiques. Plonger aux sources antiques d’une production pluriséculaire en vins doux sans mutage à l’alcool. Remettre en lumière ces pratiques d’excellence qui ont cours du Moyen-Age jusque début XXe siècle en reproduisant les conditions d’élaboration, les gestes anciens, tels qu’ils ressurgissent des archives. A leur exemple, façonner à la main et sans chimie: tailler, écimer, épamprer, se garder des maladies. Vendanger sur de longues semaines, pour récolter la juste maturité, jusqu’au précieux passerillage, lorsque le raisin nous offre un jus d’or inespéré qui coule encore de la grappe asséchée comme un trésor enfoui.
Ainsi procédaient les anciens. Nous avons travaillé à conserver la même minutie qu’eux, à la vigne et en cave, nous nous en sommes remis avec la même humilité au temps que les cieux nous imposent. Nous procédons avec une attention, en culture naturelle, qui s’apparente, à leur empirisme, apprenant des observations propres à sa vigne.
L’aventure s’est muée au fil des mois en expérience, le projet patrimonial en véritable entreprise viticole. A la suite de l’Originel de vin naturellement doux, Prima Ora a incarné ce double élan, auréolé aujourd’hui de récompenses. Eh oui, un vin porteur d’un fabuleux cépage, le muscat à petits grains, d’une fabuleuse histoire, un vin patrimonial qui se boit ! Accueillis parmi les vins bio et nature, entourés de solides amitiés, avec la même soif d’apprendre, les Clos de Miège déroulent leur travail exigeant et joyeux, cultivent les liens humains comme la biodiversité, les arts comme les lettres.
Pas à pas se tisse un rapport entre l’homme et la nature au delà du travail viticole. La vie revient, comme un cadeau. Faisanes et perdrix viennent pondre, les marcassins s’installent chaque été au pied des ceps, les mûres investissent les haies soigneusement conservées, quand le fenouil sauvage, à la douce saveur anisée, et le thym descendent de la garrigue.
Alors, soigneusement récolté, doucement pressé, le raisin vinifié avec des levures indigènes, et élevé sous lie, en fûts de plusieurs vins, sans sulfites avant la mise en bouteille, donnera le meilleur de lui-même, en un condensé de cette vie. Poussant la démarche, un élevage sous voile de plusieurs années pour quelques barriques complète notre conception d’un travail minutieux, mené jusqu’à l’utilisation de matières sèches recyclables et de limitation des transports pour une conduite cohérente en vin biologique.
Les Clos de Miège soufflent les bougies d’un anniversaire en pleine préparation de vendanges anticipées, au coeur de la saison touristique sur nos rivages. N’a-t-on pas déjà récolté des muscats à Rivesaltes le 24 juillet, puis en Fitou et le 31 juillet à Frontignan ? Du jamais vu. La course de fond sur plusieurs semaines s’apparentera cette année à une course d’obstacles. Ce n’est un secret pur personne, la récolte sera faible, en muscat à petits grains, troublée par un hiver où nous n’avons plus compté les températures négatives, contrariée par les épisodes de gel printanier. Paradoxe, les vignes ont produit beaucoup de végétation, mais ce sont les feuillages les plus fournis qui comptent le moins de raisins. Elles se font rares dans les rangs, les délicates grappes, fruits de l’effort de toute une année. Mais quelles saveurs! Comme si la nature, nous privant d’un côté, nous gâtait d’un autre, dans une sublime compensation aromatique. Le prix de la qualité, nous le connaissons : nous avons sans doute le plus faible rendement de la région. Aussi, nous interrogeons-nous sur le travail en surmaturation cette année. Restera-t-il assez de raisins pour oser défier les cieux incertains d’automne? Devrons- nous sacrifier une partie de la production pour préserver le passerillage?
Avant les heures fatidiques, nous soufflons un instant, et avec vous nous soufflons ces quatre bougies. Quatre millésimes, deux cuvées, un grain d’audace. Nous trinquons avec vous, qui êtes, dans cette histoire, notre maillon le plus précieux. Tchin tchin ! Vive le vin vivant !
Au vin vivant, c’est le nom de la cave sétoise de Corinne et Pierre, qui abrite l’Originel. Il y souffle un air de liberté, sur les vins comme sur les personnes, les arts et la musique qui s’y produisent, un air si singulier qui ne souffle qu’à Sète.