En symbiose avec un environnement unique et fragile, hors de question d’employer des traitements chimiques, et d’user de trop de mécanique. La vigne est travaillée et soignée à la main, pied par pied. Les apports foliaires consistent en soufre et bouillie bordelaise. J’envisage pour l’année prochaine, sur les conseils d’Olivier Robert, l’usage de tisanes qu’il emploie lui-même au Mas de la Plaine haute. Pour l’instant, la restructuration des parcelles a occupé beaucoup d’attention et de temps. Il a fallu tailler des vignes abandonnées depuis de nombreuses années, enlever les souches mortes, remonter des bois sur de nouveaux départs de ceps. Le casse-tête, pour une néophyte comme moi – mais passionnant pour l’avenir – consistait à reconstruire un vrai pied de vigne à partir de branches vivaces qui avaient poussé toutes seules sur le sol. Guilhem Aigouy, ami vigneron précurseur en muscat bio, m’a appris à regarder le travail de la nature … et à la laisser faire parfois J’ai pu ainsi constater que sur la parcelle de Recouly, la vigne s’est auto-taillée, régulée, en limitant naturellement ses bois: sur deux-trois ans, seules les branches vivaces s’épanouissent, vers le haut, les autres meurent. Ces vignes, dans le bel âge (une quinzaine d’années) s’enracinent fortement dans leur terre et développent peu de maladies.
Une fois le grand nettoyage terminé -il reste quelques ares livrés à une plantation sauvage d’arbres à Recouly et un labour léger pour éliminer l’herbe du printemps, ce ne sera plus que du bonheur à travailler: le cheval de labours pourra venir, pour opérer des griffages du sol, les grappes grossiront puis mûriront, doucement, une nouvelle campagne commencera…