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En juin, s’engage rituellement la bataille entre l’oïdium et moi. Une bataille dont il sortira vainqueur, car il a fini par s’installer dans le cep avant que je ne reprenne la vigne délaissée. Mais un vainqueur diminué, qui gagne encore du terrain pour perdre en force. Chaque année, je grignote des grappes, sauvées patiemment, traite par anticipation à partir des points de départ repérés de la maladie.

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Alors je soufre… Du soufre poudre, du soufre-fleur, des produits conseillés par mes amis vignerons en culture biologique, qui doivent être passés tous les dix jours. La maladie, très présente sur le pourtour méditerranéen s’attaque en particulier au muscat à petits grains, sensible à ses assauts. C’est d’ailleurs la grande vague d’oîdium des années 1850, qui emporta 5/6e de la récolte à Frontignan en 1856, qui motiva l’importation de plants américains, plus vigoureux …  mais chargés d’un insecte qui ravagea le vignoble français, le phylloxéra. Les vignes ne sont pas non plus à l’abri du mildiou, et, revenu depuis l’an dernier sur l’ouest montpelliérain, du black-rot. Grâce à notre vigilance à la vigne, à la prévention et aux soins adéquats, mes parcelles ont été épargnées jusque là, la plus grande menace venant … des modes de conduite conventionnels qui m’entourent. En multipliant les labours et les traitements aux pesticides, ils ont fragilisé le sol et les ceps, voient les apparitions de maladies se multiplier, au risque de contaminer mes pieds les plus proches. Pour l’instant, rien de tel au Four, qui produit l’Originel et Prima Ora. Les haies que je laisse monter et s’épaissir, les bosquets et bois me protègent. La preuve passe, chaque année, par le retour en masse des escargots dans mon havre bio. Ce sera encore un bon millésime pour eux! La parcelle de Recouly, qui entre en production pour la première fois, méritera surveillance et contrôle analytique du moût, pour vérifier qu’il sera exempt de traces. J’en suis malheureuse car Fernand, mon voisin, est un homme bien, un homme de la terre qui aime sa vigne, changerait bien de pratiques, même à son âge avancé, mais serait comme moi, bien seul. Un pas difficile à franchir, il faut le concevoir.
Alors je soufre… et je cours, à Grenoble pour un superbe Vin’Art ou à Paris, toute à la joie de retrouver mes amis fidèles ou de découvrir de nouvelles personnes, comme Franck, Alexandra et Pierre, Olivier, Sandrine et Thierry … Et, comme le soleil est là, les touristes aussi, il est grand temps de préparer des événements autour de « la recherche du goût perdu » et d’une histoire viticole, patrimoniale, autour de Sète et Montpellier. 

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Alors je soufre…  et attends de souffler un peu, dans le vertige estival où le vigneron doit être partout à la fois, avec le sourire, léger comme si les caprices du temps, la coulure en certains points (les grappes ne se développeront pas) ne l’atteignaient pas. Léger parce que pour nos confrères du Sud-Ouest, de Bourgogne, Champagne ou Val de Loire, la nature a été bien plus cruelle.
Alors je soufre …

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